Menace de grève des laboratoires de biologie médicale

Décidément, le torchon brûle entre le gouvernement et les professionnels de santé. Un appel à la grève des 4 200 laboratoires libéraux d’analyses médicales en France, à partir du lundi 9 janvier pour une semaine, doit être confirmé, ce vendredi, par l’Alliance de la biologie médicale, qui fédère 4 syndicats de biologistes et les 7 principaux réseaux de laboratoires privés du pays. Depuis le 2 janvier, les professionnels ont déjà arrêté de « remonter » les résultats des tests PCR du Covid-19 dans la base de données SI-DEP, qui permet au ministère de la Santé de recenser le nombre d’infections dans l’Hexagone. Les personnes testées reçoivent tout de même les résultats. Et l’évolution du nombre de cas est extrapolée à partir des résultats des tests antigéniques effectués en pharmacie.

Mais le « mois de janvier noir » promis au gouvernement par les biologistes médicaux est en passe de se concrétiser. D’autant plus que, jeudi matin, sur France 2, François Braun, ministre de la Santé, a attisé les braises en jugeant « irresponsable » la future grève des biologistes qui auraient dégagé, selon lui, 3 milliards d’euros de profits en 2021. « Nous avions accepté de reverser la quasi-totalité des profits exceptionnels que nous avions reçus du Covid-19, mais cela nous a été refusé », rétorque François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, qui déplore que « le gouvernement ne tienne pas des propos aussi durs quand l’hôpital fait grève ou que des agents de la SNCF bloquent les départs en vacances ».

« Il y a une convergence de vue avec les médecins généralistes du fait de la surdité des pouvoirs publics à nos demandes par manque de dialogue », résume Alain Le Meur, porte-parole de l’Alliance de la biologie médicale.

Cet autre bras de fer s’explique par l’échec des négociations sur les tarifs des actes de biologie avec les pouvoirs publics pour 2024 et 2025. Entre Noël et le jour de l’An, « d’une manière unilatérale, la Cnam (Caisse nationale d’assurance-maladie, NDLR) a décidé de rompre les négociations », déplore Alain Le Meur. Interrogée sur son rôle, la Cnam n’a pas confirmé sa position. Les professionnels étaient prêts « à rembourser 250 millions d’euros en 2023, puis 145 millions annuellement, pour atteindre, au total, 685 millions d’euros de baisse de tarifs, entre 2023 et 2026 », soit environ « 80% des 850 millions d’euros de profits nets » dégagés par les tests du Covid-19 depuis 2020, ajoute Alain Le Meur. Mais le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, « prévoit une ponction totale de 1,3 milliard d’euros d’ici à 2026 ». Ce prélèvement entraînerait la fermeture de 400 laboratoires et la perte de 10 000 emplois, en particulier dans les zones rurales, évalue l’Alliance de la biologie médicale.

«Il y a une convergence de vue avec les médecins généralistes du fait de la surdité des pouvoirs publics à nos demandes par manque de dialogue » Alain Le Meur, porte-parole de l’Alliance de la biologie médicale

Depuis le 5 janvier, après un arrêté publié au Journal officiel, « le montant des remboursements des tests Covid a été diminué à 25,65 euros contre 31,59 euros. Cet acte sera encore réduit à la fin du mois à 23,75 euros, précise François Blanchecotte. Et le montant de l’ensemble des actes de biologie diminuera encore en février. » La nouvelle baisse sur le remboursement des tests devrait générer une économie de 70 millions d’euros, en année pleine, pour 100 000 tests PCR au Covid-19 par semaine.