Fermeture totale des laboratoires de biologie

Ils avaient déjà tiré le rideau pendant trois jours début décembre pour contester le coup de rabot de 250 millions d’euros prévus dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ils ont arrêté d’enregistrer les résultats des tests covid rendant aveugle les autorités sanitaires sur l’évolution de l’épidémie. Les négociations avec la Cnam n’ont pas abouti, la loi ayant été promulguée fin décembre, le ton se durcit encore : les grands réseaux privés membres de l’Alliance de la biologie médicale (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab) comme les biologistes indépendants fermeront, à partir de ce lundi, et pour toute la semaine, leurs laboratoires en ville.

Ce sont des dizaines de millions d’actes qui ne seront pas réalisés (dont 1,3 million de tests PCR-Covid en France). « L’objectif, c’est le black-out total, explique le Dr Boris Loquet, président de l’URPS Biologistes PACA. On a prévenu nos patients chroniques pour qu’ils puissent prendre leurs précautions. Après, les autres pourront toujours essayer d’aller à l’hôpital mais cela risque d’être très compliqué. C’est malheureux mais, en France, si on ne dérange pas le système, rien ne se passe ».

Les biologistes ont accepté la coupe de 250 millions d’euros sur 2023. « On nous a reproché d’avoir gagné beaucoup d’argent pendant le Covid, on accepte de rétrocéder une partie. Aujourd’hui ce que l’on veut, c’est que les montants soient revus pour 2024, 2025 et 2026. Il nous faut de la visibilité sur trois ans et il n’est pas question que la baisse des tarifs soit de cette hauteur, décrète-t-il. Le Covid a rapporté 800 millions d’euros de bénéfices aux laboratoires. Si on maintient les 250 millions par an, on va devoir rendre 1,3 milliard. C’est comme si on avait travaillé à perte !D’autant que nous avons, dans mon groupe (Inovie) augmenter nos investissements de 66 %. Très peu de biologistes se sont enrichis, on a investi et désendetté nos structures, pérenniser nos entreprises ».

L’Alliance pointe aussi les risques de fermeture de sites dans les zones sous-denses peu rentables : 10 % des sites, soit 400 sur les 4 000 en France, pourraient être fermés dans les années qui viennent, « si le gouvernement maintient cette ligne ».

Le ministre de la Santé, François Braun, ne semble pas s’en émouvoir, condamnant un mouvement jugé « irresponsable ». « Je ne condamne pas le droit de grève, c’est normal, mais prendre en otage la santé des Français, ce n’est pas normal », a-t-il déclaré hier sur France 2, pointant « des bénéfices hors-norme » à hauteur de 3 milliards d’euros en 2021.

À la réouverture des laboratoires, le 16 janvier, les biologistes pourraient décider de ne plus réaliser du tout les tests Covid.

Avec les deux nouveaux variants qui arrivent, cela risque d’être sportif… », ironise le Dr Loquet.